La réduction discrète des produits dans l’ombre de l’inflation
Diffusé le 3 janvier 2024Réactualisé le 4 janvier 2024
La frustration grandit parmi les acheteurs face à une tendance sournoise qui envahit les allées des supermarchés. Un phénomène rampant, connu sous le nom de « shrinkflation », où les consommateurs découvrent que le contenu de leurs achats habituels, tels que les sachets de friandises ou les bocaux de crème, a diminué sans que les prix ne reflètent cette baisse. Ce subterfuge devient d’autant plus frappant dans un contexte où les prix grimpent en flèche, poussant le public et diverses organisations à exprimer leur mécontentement.
La « shrinkflation », qui consiste à réduire la quantité d’un produit au lieu d’augmenter ostensiblement son prix, est une réaction des producteurs et distributeurs à la pression de l’inflation sur les denrées alimentaires.
Les réponses politiques à une pratique en question
Devant cette pratique qui tend à se répandre, le gouvernement a décidé de s’engager en imposant aux commerces d’indiquer clairement toute modification du volume ou du poids d’un produit. Le Ministère de l’Économie planifie l’application d’un arrêté qui, en réaction à la réclamation des consommateurs d’être mieux avertis, pourrait être promulgué avant la fin mars.
Cette mesure, soumise à l’approbation de l’Union Européenne conformément à la directive de 2015 sur la clarté des informations, entraînerait des sanctions pouvant atteindre 15 000 euros en cas de non-respect.
Le chef de l’état major du commerce de chez U a exprimé sur France Inter son désaccord, arguant que l’ajout de ces tâches supplémentaires alourdirait le travail des employés, et que les industriels devraient être tenus pour responsables de toute modification dans leurs produits.
Les grandes marques sous le feu des critiques
L’association « 60 millions de consommateurs » s’est longuement insurgée contre la « shrinkflation », notamment exacerbée depuis l’émergence de l’inflation, jugeant que cette tactique induit en erreur le consommateur. Elle a même invité les consommateurs à signaler les articles affectés.
Des marques reconnues telles que Findus, Lipton IceTea, ou Lay’s ont récemment été mises à l’index pour avoir réduit leurs portions. Toutefois, la marque Kiri se défend de toute supercherie en invoquant une amélioration de recette. Les marques distribuées par les enseignes elles-mêmes, à l’exemple de Carrefour, ne sont pas en reste quant à cette tendance. Mais là encore, le but affiché n’est pas de duper le consommateur mais de s’aligner stratégiquement sur les prix du marché.
Dans une démarche proactive, Carrefour avait pris les devants en septembre en marquant les produits touchés par cet accroissement discret des prix, en anticipation de la réglementation gouvernementale. Néanmoins, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a constaté que si cette pratique subsiste, elle ne semble pas déployée à large échelle pour induire intentionnellement le consommateur en erreur en France.